(COSOCO) Covid et Cohésion sociale

De quoi s'agit-il ?

La cohésion sociale est essentielle à la résilience des sociétés face à différentes catastrophes. 

Le projet vise à objectiver l’impact de la pandémie en France sur les principales dimensions de la cohésion sociale : économique (inégalités, insertion professionnelle…), politique (radicalisation des opinions, participation et engagement, confiance dans les institutions), socioculturelle (sentiment d’intégration, intensité des liens sociaux, valeurs) et qualité de vie. L’épidémie et les mesures d’endiguement ont en effet touché l’ensemble de la société française et rythmée sa vie pendant de longs mois, avec la spécificité de limiter très fortement les interactions sociales. Et celles-ci survenait en France, sur un terreau social largement fragilisé (défiance dans les institutions, radicalité, complotisme) et dans un contexte fébrile (crise des gilets jaunes, attaques terroristes marquantes…). 

Le projet vise à analyser les impacts différenciés selon les catégories sociales de population (âge, sexe, lieu de vie, niveau de vie, professions) après un an de pandémie. L’objectif visé étant d’orienter les politiques publiques en matière de cohésion sociale après la crise : public prioritaires, dimensions fragilisées, points d’appui. A plus long terme, la compréhension des effets produits par l’épidémie et les mesures d’endiguement pourront nourrir l’établissement des politiques sanitaires de crise.   

Le travail s’est appuyé l’analyse des séries temporelles uniques de l’Enquête Conditions de vie et aspirations du CREDOC (CDV) qui est menée chaque année depuis 1978 auprès d’un échantillon représentatif de la population, renouvelé à chaque vague de 3000 personnes.  Depuis 2020, trois vagues sont menées par an. Le questionnaire, d’une durée moyenne d’une heure, intègre un tronc commun de questions inchangé à chaque vague et des questions plus ponctuelles.  

Plusieurs étapes de travail ont été réalisées pour construire des indicateurs de cohésion sociale :  état de l’art sur la définition de la cohésion sociale et les indicateurs potentiels ; état des lieux des données disponibles sur le sujet dans l’enquête CDV, analyse descriptive en longitudinal, échanges avec le Conseil scientifique, analyses statistiques variées (ACM, tests de XHI-2, corrélations, descriptives). 

Puis ont été construits des indicateurs d’intensité épidémique et de sévérité des mesures d’endiguement à un niveau local. 

L’analyse économétrique réalisée repose sur 3 modèles déployés pour les sept indicateurs de cohésion sociale.  

  • Évaluation de l’impact moyen de la période épidémique (4 périodes d’observation : avril 2020, septembre 2020, janvier 2021, mai 2021) par rapport à la tendance de la décennie passée. Analyse des effets des différentes variables socio-économiques individuelles dans ce cadre. 
  • Mesure de l’impact de chaque période pandémique non pas sur la moyenne des indicateurs de cohésion sociale mais sur trois quantiles, afin de détecter les effets de polarisation et/ou homogénéisation de la période. 
  • Effets de l’intensité épidémique et des mesures d’endiguement. 

 

Au bout d’un an de pandémie, la société française cherche à faire front contre l’adversité. 

  •  La sévérité des mesures d’endiguement contre le coronavirus a rassuré la population et resserré le lien de la population envers le gouvernement, les corps intermédiaires, et partant la légitimité des institutions.  
  • La période a gardé intacts, voir renforcé les indicateurs de liens symboliques : le sentiment d’appartenance à l’échelon territorial national, le sentiment personnel d’intégration. L’importance des actions individuelles dans le vivre ensemble est encore davantage placée au cœur du modèle. 
  • La crise a plutôt conduit les Français à ré-évaluer positivement leur niveau de vie personnel passé et actuel et en particulier chez les plus pessimistes sur ces questions.  

Ces attitudes semblent d’autant plus volontaristes, que le tableau est plus sombre concernant quatre aspects :  

  • La fréquence, la diversité des liens avec autrui s’est distendue, le sentiment de faire partie de communautés, collectifs diminue. La participation associative est fortement fragilisée. 
  • Les mesures d’endiguement ont fragilisé la situation professionnelle de publics déjà précaires :  jeunes, et employés. 
  • La qualité de vie de la population qui s’était améliorée significativement en avril 2020 pendant le premier confinement s’est par la suite dégradée à mesure que le temps passait 
  • Enfin, de nouvelles lignes de fracture ont été forgé par la crise entre les « anti-pass » et le reste de la population. 

Ces travaux mettent en évidence en termes de politique publique trois enjeux majeurs :  

  • Un enjeu de soutien du monde associatif qui a assuré pendant la crise des missions essentielles mais sort fragilisé de la période. 
  • Un enjeu de soutien et développement de lieux d’échanges et de rencontres pour favoriser la reconstruction des liens « faibles » qui ont été abimés par la période, afin d’éviter la polarisation de la société. 
  • Un impératif de soutien de la jeunesse à la fois sur le plan psychique et économique 
  • Un besoin de réflexion sur des instances de dialogue en période de crise, pour éviter la radicalisation et l’isolement de certains publics. 

Résultats

Le projet a bénéficié d’un financement par l’Agence Nationale de Recherche dans le cadre des financements Covid-19.

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