COVIDEUIL

Mort et deuil sous Covid-19

La difficulté des adieux et l’empêchement de pratiquer les rites funéraires pendant l’épidémie de Covid-19 a-t-elle entraîné ou aggravé une véritable psychopathologie du deuil ? Il s’agit d’une étude de cohorte prospective avec une collecte de données en deux temps sur une période de 6 à 12 mois afin d’évaluer les manifestations du deuil et leur durée, et de repérer l’éventuelle prolongation du deuil et d’une symptomatologie invalidante.

COVIDEUIL repose sur troix axes d'observations :

  • Psychologique : les émotions ressenties par l’endeuillé face aux restrictions auxquelles il a dû faire face.
  • Sociologique : le ressenti global des endeuillés pendant la crise sanitaire de Covid-19.
  • Anthropologique : les représentations collectives de la mort et des morts au sein de la population française en deuil.

Marie-Fédérique Bacqué coordonne la recherche, en lien avec le laboratoire SuLiSom de l’Université de Strasbourg. Elle préside également le Centre international des études sur la mort. Elle bénéficie pour cette étude d’un financement de l’Agence nationale de la recherche.

Pour en savoir plus...

« Notre recherche consiste à observer comment les personnes touchées par la mort d’un proche, que ce soit de la Covid-19 ou non, ont pu vivre les restrictions rituelles pendant l’épidémie. Il s’agit d’une étude du deuil psychologique, ce que ressent l’endeuillé, mais aussi sociologique, ce que ressent le groupe et anthropologique, quelles sont les représentations collectives de la mort et des morts. Nous étudions la restriction des rituels et des échanges avec le mort pour observer s’ils ont entraîné des deuils traumatiques ou pathologiques, dont le processus ne s’arrêterait pas. »

« “Les personnes qui ont perdu un proche en avril-mai n’ont pas bénéficié de ces rites de manière irrécupérable, c’est un phénomène grave sur le plan du deuil.”, témoigne Marie-Frédérique Bacqué, directrice du Centre international des études sur la mort. Selon elle, il est nécessaire d’apprendre à s’adapter pour proposer des rituels qui accompagneront les endeuillés dans leur processus de deuil même en période de pandémie. »

« Créons ces espaces de parole pour nos morts pendant le Covid-19. Si la minute de silence permet de montrer son respect en arrêtant toute activité pour les morts, seule la parole permet de penser à nos morts. D’autre part, en permettant aux Français de s’exprimer, ils pourront tirer une réflexion sur cette année pleine de frustrations et modifier leur façon de vivre. L’objectif de « Covideuil » est justement de comprendre ce que la menace de mort, la mort d’un proche non accompagné et la restriction des rites funéraires a produit sur les individus. »